Les jésuites au Paraguay

Aux yeux de beaucoup d’observateurs, les trois missions jésuites du sud du Paraguay, Jesus de Tavarangue, Santisima Trinidad et San Cosme y Damian, restent les mieux préservées en comparaison avec celles des deux pays voisins, l’Argentine et le Brésil. Outre leur intérêt artistique, ces missions sont le reflet des initiatives sociales et économiques qui ont accompagné la christianisation du bassin du Río de la Plata par la compagnie de Jésus aux XVII et XVIIIe siècles. Voyage là où Voltaire voyait dans les Réductions, « un triomphe de l’humanité », quand Montesquieu y louait « l’idée de la religion jointe à celle de l’humanité ».

Fresque, missions jésuites au Paraguay

Influencé tout le long de son histoire par les Guaranis, puis par leur rencontre avec les Jésuites au XVIIe siècle, le mode de vie des Paraguayens est resté très éloigné de ce que l’on rencontre habituellement sur ce continent. Le fusionnement unique de ces deux cultures, commencera à la sortie de terre de la première Réduction Jésuite en 1609 dans le village de San Ignacio Guazu appartenant à la province de Misiones. De son côté, le terme « Réduction » viendrait du latin « Reductio » qui signifie « Ramener » (à la vie civile et à la paroisse). Une mission à laquelle étaient elles aussi destinées les Réductions jésuites du sud du Paraguay : Jesus de Tavarangüé, Santisima Trinidad et San Cosme y Damian.

Missions jésuites au Paraguay, religieux

C’est à partir de 1580 que le Roi d’Espagne Philippe II demande à la Compagnie de Jésus de partir en mission auprès de la population Guarani dans le but de la christianisation des populations autochtones, mais aussi de stabiliser la frontière remise en cause par les bandeirantes. Ces derniers, mercenaires brésiliens propageant la violence et la terreur, recherche or et esclaves pour les renvoyer au système de travail colonial de l’encomienda. Suite à cet ordre royal, un ensemble de 30 missions sortent de terre dans le bassin du Río de la Plata au cours des XVIIe et XVIIIe siècles : Sept au Paraguay et les autres sur l’actuel territoire de l’Argentine et du Brésil. La première réduction au Paraguay verra le jour en 1609, à San Igancio Guazu.

Les jésuites au Paraguay

Chaque mission est dotée d’une structure urbaine unique. Leur style diffère selon les époques, mais toutes associent des éléments autochtones à des attributs chrétiens et à un symbolisme témoignant d’influences baroques, romanes et grecques. C’est donc dans ce cadre, choisi en concertation entre les jésuites et les caciques Guaranis (les conditions étant que le village soit à proximité d’un cours d’eau et sur une terre fertile), que plus de 150 000 Guaranis sont protégés de l’esclavage des colons dans un processus de christianisation respectant la culture mais aussi les croyances des Guaranis. Ils utilisent la place centrale de Tupa le « Dieu suprême », créateur de la lumière et de l’univers en l’identifiant au Dieu chrétien. D’autre part, les jésuites développent une forme novatrice sur le plan social et économique qui permet aux Indiens d’accéder au statut de citoyens libres, en tous points égaux aux Espagnols. Si les jésuites y sont l’instance suprême, l’autorité immédiate revient aux autochtones. Dans chaque Réductions, un conseil (le cabildo) exerce les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire (composé d’un préfet, de juges, délégués, chefs militaires, policiers, secrétaires, etc…). Fait unique à cette époque, la peine de mort n’existe pas et la torture est proscrite. À ces deux autorités, les jésuites et le cabildo, il ne faut pas oublier les caciques qui sont environ une cinquantaine par localité. Ils servent d’intermédiaires entre le conseil et leurs sujets.

Missions jésuites, cimetière

De cette organisation nait un système prospère et culturellement riche. Certains le qualifie même d’utopique. Des villages entiers prennent forme. Y sont bâtis les églises, le cloître, le cimetière, l’orphelinat et de nombreux ateliers (poterie, moulin, fours, fonderie etc…). Des potagers sont aussi aménagés, entourés par les maisons d’indiens ainsi que par de grandes estancias collectives pour l’élevage et la culture de coton et de maïs. Certes, dans ces dernières, le travail y est collectif mais chaque famille possède son lopin de terre pour ses propres besoins. Les Guaranis travaillent dès lors six heures par jour et le temps libre est consacré à la paroisse et aux arts, notamment à la musique, omniprésente dans leur culture. Plus subtile mais tout aussi importante : la contribution linguistique des jésuites. En rassemblant dans une même Réduction des tribus diverses, ils permirent à la longue l’élaboration d’un guarani commun, c’est-à-dire d’une langue franche qui s’imposa à toute la région et qui demeure aujourd’hui l’une des deux langues officielles au Paraguay (l’espagnol et le guarani).

Père jésuite, missions au Paraguay

À l’apogée de cette belle entreprise, le 1er janvier 1750, un traité (le traité des limites) entre l’Espagne et le Portugal accorde au pays lusophone de vastes territoires où se trouvent 7 des 30 Réductions jésuites. Le Roi Carlos III d’Espagne ordonne le déplacement de la Compagnie de Jésus des terres cédées et ce sont des milliers de Guaranis qui prennent les armes, accompagnés de quelques pères jésuites durant trois ans. La répression de l’armée portugaise qui bien sûr appuie l’expulsion est d’une violence inouïe et ces scènes sont très bien illustrées dans le film « Mission » réalisé par Roland Joffé, sorti en 1986 qui recevra la Palme d’or au Festival de Cannes la même année. Du côté de l’Espagne, les rapports s’enveniment également entre la couronne et les jésuites et ces derniers sont exclus de toutes les colonies en 1767. Les missions sont toutes pillées, détruites et abandonnés majoritairement entre 1817 et 1827. Les ruines que l’on peut désormais visiter ont été restaurées il y a seulement quelques années…

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